Yves Saint Laurent et les "Soyeux lyonnais"
« Il pourrait faire une robe les yeux fermés tant il connait bien les tissus"
La dernière exposition au musée de la fondation Yves Saint Laurent rend hommage au lien indéfectible que le créateur a maintenu avec les « Soyeux Lyonnais » tout au long de sa vie
C’est donc la rencontre d’un couturier de génie, « qui pourrait faire une robe les yeux fermés tant il connait bien les tissus", et les industriels textiles les plus reconnus au monde, qui est ainsi valorisée dans chacune des salles de l’exposition.
Nous découvrons, tout d’abord, avec notre conférencière, combien ce génie a été précoce ! Dès son enfance à Oran, il crée une garde-robe pour des "mannequins de papier", et ne doute jamais de sa vocation. Il détaille avec minutie les tissus de ses créations juvéniles. Il se voyait déjà installé à Paris ! Cela ne tardera pas.
Il est très vite engagé par Christian Dior et, deux ans plus tard, après la mort subite de ce dernier il est choisi pour devenir son successeur. Le plus jeune créateur, de la maison Dior suscitera de jalousies ! Le succès est immédiat. Un peu plus tard, il crée sa propre maison. Sa collaboration avec les grandes maisons lyonnaises ne cessera pas, au rythme de deux collections par an. Il se prend de passion pour tel ou tel tissu, qui inspirera le modèle.
C’est ainsi que la "cigaline" tissu transparent et exceptionnellement synthétique- fabriquée par la maison Bucol, va lui inspirer ses chemisiers transparents. Mais il adore les taffetas de soie, la mousseline, qualifiée de "légère comme une plume", de la maison Bianchini Férier, le crêpe de soie pour son tombant ; l’ottoman pour sa tenue, le velours fabriqué par le tisseur Bouton Renaud, ou par la maison Hurel, la panne de velours de soie chez les Beau-Valette -spécialistes des velours façonnés- et la maison Abraham qui lui fournira les matelassés lamés pour sa somptueuse mariée toute d’or vêtue. Chaque salle est un hommage à chacune de ces maisons ! Certaines robes sont faites de 18 m de mousseline. Nous le savons grâce aux fiches techniques qui accompagnent chaque vêtement. On connait le tissu choisi, le fournisseur, les métrages, le technicien responsable du travail, le mannequin du défilé, le nombre d’heures de travail, ainsi que son prix de revient. Nous terminons notre visite par la salle consacrée à la rencontre et à la collaboration entre Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, puis par le studio de travail où tout est resté à sa place. Nous sommes vraiment dans l’intimité du créateur et comprenons combien le tissu fait partie intégrante du processus de création. Ces étoffes riches et chatoyantes nous font rêver. Qu’il doit être grisant de nous en vêtir, de vivre et de bouger dans ces merveilleuses créations !
Pour notre prochaine sortie de la mode, c’est toute l’histoire de la mode qui sera l’objet de notre curiosité … en 2022. BONNES FETES à TOUS
Par Annick Sohier - L’Univers de la mode
Musée Yves Saint Laurent
Les coulisses de la haute couture à Lyon
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