Saint-Malo, la cité corsaire
Saint-Malo est, pour ses habitants, une petite patrie dans la grande.
Le port breton est presque une province dans la province, en tous cas il s’est vu reconnaitre dans le passé une certaine autonomie dont reste la trace symbolique que le drapeau de la ville, placé sur le donjon du château de Saint-Malo où se trouve la mairie, est situé plus haut que les autres drapeaux qui la pavoisent (le drapeau national, le drapeau européen, le « Gwenn ha du », auxquels on a rajouté, le drapeau ukrainien). Petite entorse au protocole : Saint-Malo est, pour ses habitants, une petite patrie dans la grande.
C’était bien le sentiment de Châteaubriand, qui est né ici et a voulu y être enterré, très romantiquement, sur éperon rocheux qui forme une petite île à marée haute, le « Grand Bé », où se trouve sa tombe, un monument très simple en granit fait face à la mer. Il a fallu abréger cette première visite pour éviter de se retrouver pris par la marée : six heures à passer là, révérence gardée pour le grand écrivain, c’eût été un peu long.
Le maire de Saint-Malo, M. Gilles Lurton, nous a ensuite très aimablement accueillis dans sa mairie pour un vin d’honneur au cours duquel il y a eu échange de cadeaux avec l’ambassadeur de Maurice, qui nous accompagnait : Saint-Malo est en effet jumelé avec Port-Louis, fondé par un grand Malouin, Mahé de La Bourdonnais. Il fut gouverneur, pour le Roi, des « Iles Mascareignes », comme on disait alors, dont l’île Maurice faisait partie.
Le reste de la visite ne se raconte pas : la cité « intra-muros », pratiquement rasée en 1944 lors des bombardements de la Libération, mais reconstruite autant que faire se pouvait à l’identique, a conservé ses rues étroites où se succèdent petites maisons et grands hôtels particuliers. Bien sûr la déambulation sur les remparts s’imposait, avec visite aux statues des grands corsaires qui ont fait la réputation de Saint-Malo, les Duguay-Trouin et les Surcouf.
Retour via Rennes où nous avons fait halte dans une crêperie en attendant le train pour Paris. Nous en avons profité pour entendre un court exposé sur la position particulière de la Bretagne dans la France, y compris le symbolisme du drapeau « noir et blanc » (Gwenn ha du) de la Bretagne, qui ne remonte qu’à 1925 inspiré du blason de Rennes, mais est devenu le premier symbole d’une province attachée à son identité."
Jacques Villemain
Samedis en Province