Bienvenue en France à la Cité internationale de la francophonie de Villers-Cotterêt
Bienvenue en France à la Cité internationale de la francophonie de Villers-Cotterêt
Nous étions 50, amies étrangères et françaises, à nous élancer vers un voyage à la fois savant et ludique pour découvrir La Cité internationale de la langue française au château royal de Villers-Cotterêt
M. Xavier Bailly, administrateur du Château, est tout sourire devant la porte d’entrée encore surmontée de l’inscription « Maison de retraite du département de la Seine ». Ce château de la Renaissance est redevenu grandiose. Il a été construit pour François 1er ; le roi y signa la fameuse ordonnance de 1539 qui fit du français la langue officielle de l’administration.
Un bref historique nous conduit du château du roi à celui de Philippe d’orléans, frère de Louis XIV. Saisi comme bien national sous la révolution, il est transformé en 1804 en dépôt de mendicité « pour servir à la réclusion des mendiants et des vagabonds de Paris », puis deviendra une maison de retraite de 1889 à 2014 avant d’être laissé à l’abandon. Dix ans plus tard il a ressuscité. Les salamandres, le chiffre royal et la fleur de lys de François 1er ont retrouvé leur place dans le grand escalier et la chapelle. Les trésors ornementaux cohabitent avec la verrière de l’ancien jeu de paume ornée d’un ciel lexical couvert de mots variés comme « saperlipopette », « égalité » ou « faire palabre ». A propos de jeu de paume, M. Bailly nous conte comment ce sport, très populaire en France depuis le XIIIe siècle est à l’origine du mot « tennis » :
« Le serveur annonçait « tenez » ce qui signifie « prenez » avant de lancer la balle vers son adversaire ; les anglophones l’ont transformé en « tennis ».
Nous voici dans le vif du sujet. Une soixantaine de dispositifs audiovisuels et numériques se déploient dans quinze salles. Prenons quelques exemples : le comparateur de langues a beaucoup amusé nos amies étrangères. On y découvre que l’expression « Avoir le cafard » se dit en anglais « Feel blue », en espagnol, « Tenir el bajon » (avoir un coup de déprime), en allemand « Trübsal blasen » (souffler la mélancolie), en néerlandais « In de put sitzen » (être dans le puit). Un peu plus loin, on est censé réarranger des lettres d’un mot pour créer un mot nouveau. Chien peut devenir niche. On en apprend tous les jours. Quant à « couvent » l’ingéniosité du français est sans limites : Les poules du couvent couvent ». Pauvres étrangers ! Certaines ont pu relever la tête en s’arrêtant devant le dispositif consacré à la richesse des expressions francophones : « Larg pas la patate », Tenir bon à la Réunion. « Avoir le dos », avoir des relations influentes en Afrique de l’Ouest. « Avoir la jasette », parler beaucoup au Canada.
Nous passons aussi de Molière largement célébré qui a inventé l’expression « se faire des idées », à la bibliothèque de François 1er qui contient des incunables (imprimés avant 1501) et de rares œuvres de Rabelais et de Pierre Ronsard. D’autres chefs d’œuvre nous accompagnent, peintures et tapisseries. En repartant vers notre car, nous n’avons pas subi de « drache nationale », forte averse en Belgique, mais partagé un bon déjeuner. Le silence n’était pas assourdissant, encore une expression à retenir. Et nous étions loin d’avoir le cafard dans quelque langue que ce soit.
Francine Boidevaix